La ville de Lisieux ne manque pas de bâtiments à vocation religieuse comme vous pourrez le constater ci-dessous, c’est pourquoi lorsque Monseigneur Lemonnier a émis l’idée de construire une Basilique à Lisieux pour la très récemment canonisée (1925) Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, l’idée ne reçut pas un accueil favorable de prime abord.

 

La cathédrale Saint-Pierre, place François Mitterrand,

La chapelle de l’hôpital, 10 avenue du Marechal Lyautey

La chapelle de la Fondation d’Auteuil, lieu-dit La Colline (privé),

La chapelle des sœurs de la Providence, chemin de Rocques (privé),

La chapelle du Carmel, 35-37 rue du Carmel (privé),

La chapelle Notre-Dame de la Charité, 10 rue Paul Banastou (privé),

La chapelle Notre-Dame du Sourire ou Chapelle de l’Hermitage, 23 rue du Carmel (privé),

La chapelle Notre-Dame de Lourdes, 67 rue de Paris,

L’église évangélique, 28 rue du Camp Franc (privé),

L’église Saint-Désir, 37 avenue du Six-Juin,

L’église Saint-François-Xavier, 162 boulevard de Lattre de Tassigny,

L’église Saint-Jacques, rue au char,

L’église Saint-Jean Bosco, 15 rue de la Touques,

L’église Saint-Joseph, 58 rue Fournet,

Ainsi qu’un temple protestant rue Ramon.

 

Ce qui nous fait un total de 14 bâtiments plus le temple. Sur ces 14 bâtiments, 9 sont publics, c’est-à-dire, depuis la Révolution Française, à la charge de l’Etat français ou de ses communes. Population totale de Lisieux au dernier recensement : 20 881 habitants en 2014. Le prochain recensement est donc pour 2021.  Avec une moyenne nationale de 2,5 bâtiments religieux par commune, on constate donc que Lisieux explose les statistiques nationales. Et explique donc un accueil mitigé pour un seizième bâtiment religieux à l’époque.

 

Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux, en Normandie

 

 

Sainte-Thérèse a été canonisée en 1925

Photo : Nono vlf selon

Licence Creative Commons
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

 

 

Après un premier projet architectural jugé « trop petit » comparé à la notoriété d’alors de Sainte-Thérèse, autant en France qu’à l’étranger, mais surtout à l’étranger, preuve que la notoriété de Sainte-Thérèse avait largement traversé les océans, un second projet est mis sur les rails avec le soutien affirmé du pape d’alors, qui venait de la canoniser : le pape Pie XI. Toujours avec Monseigneur Lemonnier comme pilote local du projet.

C’est un architecte français du département du Nord avec une réputation internationale établie qui est chargé du second projet. Connu autant pour ses constructions civiles que pour ses restaurations de bâtiments religieux, suite à des conflits ou pas, Louis Marie Cordonnier soumet un projet de basilique en béton armé et granit qui s’inspire globalement du Sacré-Cœur à Paris.

En septembre 1927, Monseigneur Lemonnier approuve le projet Cordonnier et son successeur quelques mois plus tard, Monseigneur Suhard, ne le remet pas en cause et continuera à le porter.

 

Cérémonie de la pose de la première pierre en 1929

 

Les travaux de terrassement commencent au début de 1929 et en septembre de la même année, ils sont suffisamment avancés pour que la cérémonie de la pose de la première pierre puisse avoir lieu.

Superficie du projet : 4 500 m²

Hauteur du dôme central : 90 m

Longueur la Basilique : 104 m.

Particularité : aucune colonne intérieure n’entrave la vue des 3 000 pèlerins (qu'elle peut contenir) sur le sanctuaire.

 

 

Pour Mémoire :

Superficie de Notre-Dame de Paris : 6 000 m²

Hauteur sous toit de la nef centrale de l’abbatiale de Fécamp et de Notre-Dame : 40 et 43 m

Abbatiale de Fécamp et Notre-Dame de Paris : 127 m de longueur

Largeur des deux pré-citées : 20 et 48 m.

Capacité : 9000 personnes pour Notre-Dame ; inconnue pour Fécamp.

 

 

Le 11 juillet 1937, le Cardinal Pacelli (futur Pape Pie XII) prononce la bénédiction solennelle de la Basilique Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus de Lisieux.

 

Evidemment, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les travaux de construction ont été fortement ralentis par le manque de matériaux, même si officiellement ils ne se sont jamais arrêtés. Les bombardements lors de la Libération de 44 n’ont pas concerné le chantier de la Basilique pour une raison relativement simple : à cette époque, contrairement à aujourd’hui, le chantier de la Basilique était réellement en dehors de la ville, quasi en forêt, ce qui explique l’absence d’intérêt « militaire » du bâtiment.

Par contre, la cathédrale Saint-Pierre, qui elle, se trouve effectivement en centre-ville de Lisieux et jouxte le palais épiscopal, s’en est sortie sans une bombe, ce qui pour le coup, est relativement inexplicable au regard du bilan des destructions dans le Calvados lors des opérations militaires qui ont suivi le Débarquement. Surtout que Lisieux après la Libération est considérée comme détruite aux deux tiers !

 

 

Consécration de la Basilique en 1954

 

C’est ainsi que le 11 juillet 1954, la consécration de la Basilique a pu être prononcée par Monseigneur Martin, archevêque de Rouen, en présence du légat du pape.

 

Une chapelle d’Adoration jouxte la Crypte sous la Basilique de Lisieux.

Le Campanile, quant à lui, même si richement doté en cloches, 51 en tout, dont 6 cloches de volée, est toujours considéré comme inachevé en 2020. Son bourdon (9 tonnes) porte l’inscription : « Je sonne l’appel des peuples à l’unité dans l’Amour ».

Le carillon de concert du Campanile de Lisieux est issu du savoir-faire de Paccard (Haute-Savoie), facteur de cloche réputé dans le monde entier.

La Basilique de Lisieux représente annuellement un flux touristique d’environ 600 000 personnes (en 2019). Si on compare ce flux à celui des Monuments Nationaux Français, la Basilique talonne le Panthéon et ses 875 000 visiteurs et devance La Conciergerie et ses 456 000 visiteurs. En province, la Basilique fait jeu égal avec le Château de Carcassonne visité annuellement par environ 621 000 personnes, loin devant les châteaux de la Loire (moitié moins pour le plus célèbre d’entre eux : Azay-le-Rideau et ses 310 000 visiteurs).

La Basilique de Lisieux a été inscrite au titre des Monuments Historiques le 14 septembre 2010 et classée MH le 7 septembre 2011.

 

Vue du transept sud avec le reliquaire de la Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux 

 Photo. :  © Tours-in-normandy.fr

Anecdotes :

- La colline sur laquelle est construite la Basilique est une colline en argile d’environ 30 mètres d’épaisseur n’offrant aucunement la stabilité naturelle nécessaire à l’édification d’un pareil bâtiment en béton armé. Les fondations de la Basilique reposent donc sur 130 piliers cylindriques (diamètre variant de 1,4 à 5 mètres !) pour atteindre la couche calcaire sous-jacente et garantir la stabilité de l’ensemble. Bien évidemment la structure en béton armé de la face émergée de la Basilique est reliée à la face immergée des soubassements. Et il est donc vital de ne pas rompre ce maillage métallique (cf anecdote 3).

- Aucun emplacement pour un orgue n’avait été prévu dans le projet originel de la Basilique. Dans les années 30, le recteur de la Basilique ayant réussi à obtenir un orgue Cavaille-Coll primé à l’Exposition universelle de 1935 à Bruxelles, il fut décidé, par absence d’alternative possible, de l’installer en lieu et place de deux tribunes latérales de part et d’autre du chœur. Avec une transmission électrique entre les deux blocs.

- L’absence d’ascenseur au siècle dernier ne rebutait personne et les 175 marches en colimaçon pour se rendre sur les toits augmentait le plaisir une fois arrivé au sommet (40m) !  Devant l’insistance et la fréquence de la question : « Où se trouve l’ascenseur ? », il a fallu trouver une réponse technique à l’impossibilité de sectionner une quelconque des pièces métalliques enfouies dans le béton armé. Pour UN centimètre manquant, il a fallu opter pour un projet sur mesure à l’intérieur de la tour nord, à gauche quand on regarde la Basilique depuis son parvis. Cet ascenseur était censé entrer en service à la fin de l’année 2020 (pandémie COVID-19) et desservira tous les étages, depuis la crypte jusqu’au sommet des deux tours.