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La présence sur le littoral cauchois de la ville de Fécamp est attestée dès 875 sous l'appellation "super fluvium fiscannum". Elle deviendra "Fiscannus" à partir de 990, puis dérivera lentement vers l'actuelle appellation.
L'existence de Fécamp est liée à deux paramètres historiques importants : la pêche pour nourrir les hommes et les invasions Viking. Mais ce sont loin d'être les seules étapes marquantes de l'histoire de cette cité.

 

Sur le littoral cauchois, la ville de Fécamp et ses ports vus par satellite 

 

Fécamp - Nourrir les hommes :

 

Fécamp est irriguée par la Ganzeville et la Valmont, la première se jettant dans la seconde, à l'embouchure de la quelle se situe le port de pêche de Fécamp.
La pêche a donc constitué pendant des siècles une des activités principales de la ville de Fécamp. Sans pour autant réussir à rivaliser avec Granville, autre port normand, qui a toujours été et est encore LE port d'approvisionnement de la capitale, Paris. Mais quand Granville est capable de fournir quasiment sans exception tous les produits issus de la mer, il en est un en particulier sur lequel Granville a eu maille à partir avec la future capitale normande que deviendra Fécamp, c'est la morue pêchée dans les eaux de Terre-Neuve.

Fléchées "tout droit" à la sortie des digues du port de Fécamp, les eaux de Terre-Neuve ont fait la prospérité de la ville de Fécamp, le port de Fécamp disposant même de son propre chantier naval dont l'activité principale était la construction de Terres-Neuviers, navire à voiles dimensionnés pour passer plusieurs mois en mer avec plusieurs dizaines de marins à leur bord. Lourds au départ parce que chargés de sel, ces voiliers l'étaient également au retour.

 

Fécamp - Ville de Femmes :


Une fois pêchée, la morue était salée et stockée dans les entrailles du navire jusqu'à ce que les soutes soient pleines et sonnent le "retour à la maison".
Ces campagnes de pêche à la morue de plusieurs mois par an ont valu à Fécamp son surnom de "Ville de Femmes".


En effet, le port de Fécamp a armé jusqu'à 73 grands voiliers Terre-Neuviers en 1903, âge d'or de la pêche à la morue qui permettra à Fécamp de supplanter Granville sur ce produit uniquement. En l'espace de 10 jours, ce sont 2 600 hommes qui quittent la ville ! !   Pour une durée moyenne de 6 mois.

 

Le port de pêche de Fécamp au début du siècle dernier
Le bassin Bérigny au centre de Fécamp était le bassin où séjournaient les terres-neuviers
Le port de pêche hauturier de Fécamp à la Belle époque
Une forêt de mâts sur le Bassin Bérigny au centre de Fécamp hors campagnes de pêche
Le port de pêche hauturier de Fécamp pendant l'âge d'or de la pêche à la morue !
Dis papa, 73 navires, çà fait combien de mâts ? ! !

Source : Boutmenteux


La pêche à la morue fera vivre Fécamp du XVIème siècle jusqu'à la fin des années 70. L'arrivée des moteurs à vapeur, mais surtout l'arrivée des moteurs diésels (après la Seconde Guerre Mondiale) tue les navires à voiles en plus de sonner la fin des "Chantiers Navals de Normandie". Cette industrialisation de la pêche à la morue entraine une lente agonie de cette activité par la raréfaction de la ressource exploitée sans limitation aucune, ce qui aboutira en 1987 à la décision unilatérale du Canada d'interdire la pêche aux navires étrangers dans ses eaux.

Cette décision aura de lourdes conséquences économiques pour la ville de Fécamp qui entrera alors dans une période économiquement difficile avec un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale pendant presque deux décennies. A l'aube des années 2000, Fécamp prendra le virage du nautisme et des activités touristiques, afin d'écrire de nouvelles pages pour son histoire portuaire et maritime.

De cette époque, il ne subsiste aujourd'hui plus grand chose si ce n'est :

  • la charpente de la salle gothique du palais de la Bénédictine, charpente construite par les charpentiers du chantier naval de la ville,
  • deux goélettes navires-écoles de la Marine nationale et l'unique Terre-Neuvier encore vivant, derniers rescapés de cette époque et construits à Fécamp : la Belle-Poule et L'Etoile pour la Marine Nationale et le Marité (dernier terre-neuvier vivant a avoir connu la belle époque de Fécamp).

 

Les Chantiers Navals de Normandie à Fécamp
Un des bâtiments des Chantiers Navals de Normandie sur le port de commerce de Fécamp
La goélette BELLE POULE de la Marine nationale
La goélette BELLE POULE a été construite dans les Chantiers Navals de Normndie à Fécamp (DR Patrick Pollet)
La charpente de la salle gothique
La charpente de la salle gothique du Palais de la Bénédictine a été construite par les charpentiers du chantier naval de Fécamp (DR Musée de la Bénédictine)
Les goélettes Etoile et Belle Poule réunies
Les deux navires écoles de la Marine nationale nés dans les Chantiers Navals de Normandie à Fécamp (DR Ministère de la Défense)
Le Terre-Neuvier Marité toujours vivant
Le dernier Terre-Neuvier encore vivant a avoir connu les campagnes de pêche à Terre Neuve (DR Marite.com)

 

Si les deux goélettes de la Marine nationale ont été intégralement construites à Fécamp, le terre-neuvier Marité a été acheté coque nue à un chantier naval de Paimpol par un armateur fécampois qui l'a fait transférer aux Chantiers Navals de Normandie. Il l'a fait aménager pour la pêche, c'est-à-dire capable d'embarquer 25 membres d'équipage (et les Doris qui vont avec) et il l'a fait gréer en conséquence par les chantiers de Fécamp. Le navire a été livré un an plus tard à son armateur, soit le 24 juin 1923.

 

Voir Fécamp, Granville et Paimpol sur une carte

 

Au début des années 2010, il y a eu une tentative de redonner vie au chantier naval de Fécamp qui n'a pas rencontré le succès escompté, alors que pour autant, l'idée initiale du projet était de profiter de la montée en puissance attendue de la part de la voie d'eau pour verdir le transport terrestre, puisque dominé à plus de 80% par la route. L'architecte naval français Lebéfaude fort d'une vingtaine d'année d'expérience et travaillant quotidiennement avec de petits chantiers polonais pensait produire une quantité croissante de barges fluviales sur le chantier de Fécamp. Mais le verdissement des transports terrestres reste toujours une idée pieuse, même en 2020 et en pleine pandémie COVID-19. Cet essai s'est terminé en 2016. Les vestiges du chantier naval sont donc entrain d'être effacés lentement mais sûrement du paysage portuaire fécampois (voir ci-dessous). Hypothèquant toujours un peu plus un retour de la construction navale dans la cité des Terres-Neuviers.

 

Le port de Fécamp sur la Côte d'Albâtre
Les différentes parties du port de Fécamp vu par satellite
Le port de plaisance de Fécamp dans le bassin de marée
Le bassin de marée est exclusivement occupé par la plaisance puisque la navigation s'y fait sans contrainte de marée
Le port de commerce de Fécamp se divise en deux parties
Bassin de marée et Bassin de niveau pour le port de commerce de Fécamp séparés par une porte d'écluse et un port à sec pour la plaisance
Au fond du bassin de niveau du port de commerce de Fécamp
Les emplacements toujours visibles des Chantiers Navals de Normandie
Les Chantiers Navals de Normandie de Fécamp
Le plus grand des "slipways" est toujours bien visible par satellite
Image 3D reconstituée à partir d'images satellites
Les trois plateformes des installations sont bien visibles et attendent un hypothétique repreneur
La structure métallique bien visible du plus grand des deux batiments du diaporama ci-dessus
Les hangars à proximité ne manquent pas pour le stockage des pièces

Source : Geoportail (5) - Google Maps (2)

 

Si la pêche hauturière au départ de Fécamp appartient désormais au passé, il subsiste une modeste activité de pêche côtière. Dans les produits de la pêche côtière, il y a le hareng qui a de tout temps été pêché à Fécamp et autour duquel se cristallise ET la nostalgie du passé de port de pêche hauturier que les aînés ont encore à l'esprit ET le folklore des fêtes qui entourent ce produit saisonnier de la pêche. "Folklore" qu'on retrouve d'Etretat au Tréport en passant par Fécamp, ces trois villes côtières étant historiquement des villages de pêcheurs, avant de prendre chacune leur voie.

 

Si la pêche hauturière a disparu, la pêche cotière subsiste sur le littoral cauchois

 Crédits : Tours-in-normandy.fr