Caudebec-en-Caux se situe sur la rive droite de la Seine, à peu près à mi-chemin par la terre entre Le Havre et Rouen. Contrairement à ce que son nom indique, elle se ne se situe pas dans le Pays-de-Caux.
Caudebec-en-Caux, la perle du Val de Seine
Caudebec-en-Caux a été dénommée ainsi au XIXème siècle par l'Administration française pour éviter toute confusion avec Caudebec-les-Elbeuf, commune limitrophe d'Elbeuf, toutes deux bien plus en amont au bord de la Seine, mais toujours en Seine-Maritime.
Le plateau du Pays de Caux n'englobant pas la Vallée de la Seine, cette appellation est donc géographiquement incorrecte.
Les premières traces de l'appellation des deux Caudebec remontent à peu près à la même période, c'est-à-dire la fin du Xème siècle. Pour autant, ces deux localités existaient déjà sous des noms différents à l'époque des Romains, toutes deux situées sur des voies de communication principales romaines. Toutefois, en l'état actuel des recherches archéologiques, un site à côté de l'actuel Caudebec-en-Caux a produit des restes de matériels remontant aux Gaulois ainsi que des fondations de bâtis de l'époque. Ce qui n'est pas le cas, pour l'instant, pour Caudebec-les-Elbeuf.
C'est après la Révolution française que les premiers recensements ont lieu à intervalles réguliers. A cette époque, les deux communes affichent une population variant entre 2 et 3 000 personnes. Aujourd'hui, Caudebec-en-Caux voit sa population restée stable en deçà des 3 000 habitants tandis que sa consoeur a définitivement dépassé les 9 000 habitants au lendemain de la Seonde Guerre Mondiale.
Le surnom de Perle du Val de Seine a été éttribué à la Commune par sa population elle-même, pour l'opposer encore une fois à une autre perle de Seine-Maritime, la Perle du Val de Saâne, soit le Château d'Imbleville, au nord de la Seine-Maritime, au bord de ce petit fleuve côtier qui baigne ses douves.
Caudebec-en-Caux, port de commerce déchu
Jusqu'à la décision de François Ier de créer ex nihilo le port du Havre, initialement à des fins militaires, il n'existait pas en baie de Seine de port capable d'accueillir des navires de mer. Le seul port qui pré-existait était le port de pêche d'Honfleur, soumis aux contraintes de marée et très régulièrement aux prises avec des problèmes d'envasement.
Les navires qui approvisionnaient Rouen et / puis Paris remontaient donc jusqu'à Caudebec-en-Caux, si besoin avec l'aide d'attelage de chevaux sur les voies à cet effet. La naissance du port du Havre, adossé au port de pêche d'Harfleur, mettra fin définitivement à ce relais fluvial en direction de Paris, quelque soit la nature de la marchandise. Concernant le poisson, dès le XIIIème siècle, l'encadrement progressif mais strict des règles de conditionnement et des conditions de vente de ce produit, provoqueront la montée en puissance des ports de pêche de Dieppe (Seine-Maritime - Normandie) et de Granville (Manche - Normandie) et prendront le relais en matière d'approvisionnement de la Capitale en "produits de la Mer" : c'est l'extension du réseau des Chasse-Marées, ces dilligences de produits de la Mer, prémices de l'organisation logistique qui permet d'effacer les distances.
Photomontage : © Tours-in-Normandy.fr
Sur les cartes ci-dessus et ci-dessous, ont été omis les ports suivants, non pas que leur rôle fut minime, mais parce que l'objet du présent article est de démontrer la mécanique d'approvisionnement de la Capitale à partir des ports principaux et de l'importance de la Région Normandie dans cette mécanique, puisque se trouvant entre l'Île de France et sa façade maritime.
Manche : Pirou, Carteret, Diélette, Barfleur, Saint-Vaast-la-Hougue,
Calvados : Grandcamp-Maisy, Courseulles-sur-Mer, Ouistreham, Trouville,
Seine-Maritime : Leure, Harfleur, Le Tréport.
Hier comme aujourd'hui, le réseau de transport et surtout sa qualité est vital pour livrer en temps et en heure des produits frais. Si aujourd'hui 34 heures en moyenne peut faire sourir, hier réussir cet exploit avec des chevaux avait une toute autre signification. Chevaux pour tirer les "charettes de compette" comme tirer les chalands sur les rivières et sur les fleuves depuis les voies de halage.
Alors qu'au Moyen Âge la norme était de parcourir à cheval entre 97 et 120 km, approvisionner Paris en produits de la mer était problématique car géographiquement en dehors de cette fourchette. Ne pouvant agir sur l'état des routes à cette époque l'Etat et ses Administrations se sont employés à diminuer les contraintes qui pesaient sur le transport. Un régime douanier spécial est alors créé, le conditionnement de la marchandise est strictement encadré et les "contrôles routiers" sur cette marchandise disparaissent. Alors que parcourir 150 à 170 km par jour était à l'époque l'apanage de l'Ecurie Royale, assez rapidement relier les ports de Dieppe ou du Tréport à la Capitale se fait sur une base stable de 34 heures, qui petit à petit devient la norme pour le poisson frais. Le délai entre la débarque à quai et la vente au client est encadrée : 4,5 jours maxi en été ; 5,5 jours en hiver à cause de l'état des routes.
Vous pouvez aujourd'hui, au travers des campagnes normandes, suivre l'itinéraire de ces chasse-marée à vélo ou à pieds en visitant les deux liens précédants pour plus d'informations.
Caudebec-en-Caux, port d'approvisionnement de la Capitale jusqu'à la fondation du Havre en 1517.